Plutôt la fin d’une traversée dont le sens s’était, peu à peu, dilué. Claude Picart se relit et se relie à ses recherches des années 70.Un travail de déconstruction et de reconstruction des images, les siennes, les nôtres.

Les images de notre mémoire collective dont il agaçait le(s) sens.Des images dont Claude Picart avait trop tôt fermé l’album. Depuis, les médias associés n’ont épargné aucunes turpitudes à nos pauvres icônes. Elles ont été mâchées, broyées, prostituées et régurgitées de manière industrielle, encéphalogrammes à plat.

Au chevet des images, Picart est de retour. Sa potion ? La maîtrise mature de sa sensibilité. Ses instruments ? Ceux d’une culture populaire assumée à travers les manuels scolaires, les écrans du cinoche, la rue, ponctuée par les affiches, les signes, les graphismes ; Notre langue commune. Les legs de Fernand Léger, de Matisse, les papiers découpés, le Pop’Art, ses malices. Et, pour orthographier l’image, Claude Picart et ses codes : la trame de l’offset, les éléments graphiques et les couleurs primaires.

Alors, sous les abords d’une construction rigoureuse, Claude Picart nous régale d’un jeu avec l’image et pour l’image. Délicieux amalgames, rébus irrésolus. L’artifice et ses feux. Pour dessiller nos yeux et nos esprits en berne. En évacuer les déchets, les latrines. Claude Picart est un appel d’air. Un appel coloré et joyeux pour que reverdissent les utopies et qu’on guinche à nouveau dans nos bals populaires.

Yvon Bohers